Dans un coin reculé de la plateforme de compost de Grosbreuil se dressait un monstre insidieux appelé "le tas de compost".
Avec ses strates de déchets verts et bruns, il ressemblait à une tour délabrée de légumes pourris et de feuilles mortes en pleine fête. Chaque fois que Laurent l'apercevait, il se sentait comme un alpiniste devant l'Everest : effrayé mais déterminé.
Armé de ses bottes de jardinage, la casquette vissée sur la tête, Laurent s'avança vers la bête puante. Il observa la montagne de déchets et frissonna. "Allons-y, mon vieux !", murmura-t-il à lui-même, cherchant le courage au plus profond de son être. Il prit une grande inspiration et commença l'escalade.
Les premiers pas étaient relativement simples malgré un fort vent à faire décoller les vaches. Il escalada les premières couches de feuilles mortes comme s'il s'agissait de marches bien rangées. Mais bientôt, il se retrouva confronté à des bananes moisies glissantes et à des peaux d'orange trahison. Il trébucha et roula, se retrouvant enterré jusqu'au cou dans une montagne de déchets organiques. "Pourquoi diable ai-je entrepris cela ?", gémit-il, les yeux rivés sur le sommet toujours éloigné.
Avec une détermination farouche, Laurent continua son ascension, se frayant un chemin à travers des écorces de bois pointues et des restes de courgettes coriaces. Il émit des grognements étranges et des grimaces exagérées à chaque nouveau déchet qu'il devait surmonter. Les voisins se demandaient s'il était en train de devenir fou.
Mais Laurent n'abandonna pas. Il grimpa, se hissa, s'accrocha, et finalement, après des efforts titanesques, il atteignit le sommet du tas de compost.
"Je l'ai fait !", s'écria-t-il, les yeux brillants de triomphe. Il se tenait là, le roi de la colline putride, victoire!!
En levant les bras au ciel, Laurent sentit une étrange fierté s'emparer de lui. Il avait vaincu le tas de compost, il avait conquis l'inconquis...